Etape 14 - Bruges - La magnifique Venise du Nord
Lundi 4 février 2019. Retour vers le quai du Rosaire*** et son embarquement à bateau. Les demeures bourgeoises rivalisent d'élégance. Quel dommage vraiment qu'il ne fasse pas beau.

En attendant, je continue mon petit brin d'histoire. Dès la fin du XIIe siècle, la situation géographique de Bruges, entre l'Angleterre, les foires de Champagne et de Lombardie, entre sud-ouest de la France et mer Baltique, entre bassin du Rhin et Bretagne, fit de la cité médiévale le plus grand centre de transit des marchandises du Moyen Âge. Les comtes de Fandre touchaient alors les dividendes de ce commerce florissant en s'efforçant en retour d'en assurer la sécurité.

En quelque sorte, on peut dire que le libre-échange et le capitalisme, et bien même avant Amsterdam, virent le jour dans cette cité médiévale avec la fondation du premier marché des changes.

L'établissement libre de "comptoirs commerciaux" de toutes les nations vit affluer des marchands des quatre coins de l'Europe. L'import-export tait leur gagne-pain, et avec l'invention des lettres de change, les Brugeois se réservaient la vente de détail et la transformation du drap anglais, la main d'oeuvre étant constituée d'une population paysanne bon marché et sévèrement contrôlée.

Mais les premières difficultés arrivèrent dès l'avènement du XIVe siècle. Par le jeu des succession comtales, le roi de France Philippe le Bel allait mettre la main sur les Flandres, favorisant ainsi le parti des notables qui portaient la fleur de lys. Ceux qui exerçaient des petits métiers se révoltèrent, à la fois contre leur condition d'exploités et contre le pouvoir en place inféodé aux Français.

Et ce qui devait arriver arriva... Le matin du 13 juillet 1302, le parti des Klauwaerts (des Flandres) prit les armes et passa au fil de l'épée un bon milliers de Français et leurs partisans (on peut en savoir plus à Courtrai).

En représailles, Philippe le Bel s'empressa d'envoyer son armée royale pour rogner les griffes du lion flamand... Sans succès, deux mois plus tard, il perdit son armée à la célèbre bataille des Eperons d'or.

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Me voici maintenant sur le quai qui longe le Djiver et qui remonte les canaux de la ville. Un paysage urbain incontournable pour les touristes du monde entier. |
A mesure qu'on remonte les quais, on peut se rendre compte des différentes strates sociales de la ville : aux patriciens et marchands, les maisons pourvues d'un embarcadère; aux artisans les maisons à pignons; aux petis métiers, les maisons basses de la périphérie.

En attendant, la vue sur le Djiver*** et les maisons qui bordent le canal est absolument magnifique, rehaussée par les saules des jardinsdébordant des murailles.

L'âge d'or de la cité médiévale commence véritablement vers 1369 avec le mariage du comté de Flandre, Marguerite de Maele, avec Philippe le Hardi, duc de Bourgogne. L'estuaire du Zwin commençait alors à s'ensabler inexorablement, ne laissant à la ville qu'un seul siècle de fastes à vivre, mais quel siècle !

Sur le plan artistique, Bruges rivalise alors avec Florence, Gênes ou Venise. Ses peintres, Memling, Van Eyck, Van der Goes et Dérad David réalisent des chef-d'oeuvres de l'école flamande du XVe siècle.

Des navires vénitiens, catalans, génois, bretons, hanséatiques et portugais livrent tous les jours des marchandises. On en compte jusqu'à 150 à la fois dans le bassin du Minnewater. Ils déchargent du vin, des tapis, des oranges, des fourrures, de l'huile, du cuir, de la soie, des métaux, des épices, de la laine, des animaux exotiques et même de l'ivoire et des diamants. |
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En 1439, Philippe le Bon installa sa cour au Prinsenhof et, lors de son mariage avec Isabelle de Portugal, donna des fêtes somptueuses. Bruges fut alors tapissée de draperies vermeilles. Quelque 800 marchands en tenue d'apparat accueillirent la fiancée. Le repas de noces se déroula dans un faste inouï : vaisselle d'or, draperie de brocart tissé d'or et banquet monumental. On continua le lendemain avec joutes et réception dans un décorum que les échotiers de l'époque parlent comme d'un événement inégalé en Occident. De cette date date la fondation de l'Ordre de la Toison d'Or.





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